Thème 4 : Construction et réception des savoirs (texte complet)

Construction et réception des savoirs (Responsables : Florence Klein et Ghislaine Widmer)

Le rassemblement et l’analyse d’une documentation éparse et souvent inédite, puis sa mise à disposition de la communauté scientifique, restent, pour beaucoup de nos disciplines, une priorité absolue. Plusieurs projets en cours s’appliquent donc à collecter les diverses sources qui permettent déjà une réflexion approfondie, tant pour ce qui est des textes à proprement parler que des artefacts, des données iconographiques ou, plus généralement, archéologiques. Bénéficiant de collaborations régionales, nationales ou internationales, ces opérations, qui dépassent le plus souvent le cadre classique du « corpus », seront amenées à se multiplier, mais également à se fédérer à l’intérieur même de ce thème, en mettant à profit l’expertise (en informatique, en photographie et en dessin notamment) de plusieurs de nos membres BIATS.

Pour illustrer les diverses facettes de notre recherche, on citera, pour ce qui concerne les textes, le projet international d’une édition synoptique de toutes les versions connues du Mythe de l’Œil du soleil, dont les fragments de papyrus sont aujourd’hui dispersés dans les collections des musées et instituts du monde entier, l’édition des tablettes mésopotamiennes (Université de Liège), les recherches menées autour des textes médicaux grecs (Lille 2 ; Projet IMouseion [textes médicaux, Harvard]), du Code théodosien, des traités des mythographes grecs et latins en lien avec le réseau « Polymnia » (thème 3) auquel se rattache également le projet d’une édition critique en ligne de la Bibliothèque d’Apollodore liée à une base de données documentaire sur la mythologie et ses interprétations, l’élaboration (en partenariat avec les Universités de Poitiers, Tours et Paris X Nanterre) d’un dictionnaire des Images métapoétiques dans l’Antiquité, le projet d’édition avec traduction en ligne du commentaire aux Géorgiques de Juan Luis de la Cerda (projet TALIE) ou un projet de cartographie en ligne, avec environnement hypertextuel, des allusions romaines au prologue des Aitia de Callimaque (dans le cadre du programme « D’Alexandrie à Rome »).

L’étude des artefacts (les stèles égyptiennes du Sérapéum de Memphis conservées au Musée du Louvre, d’une part, et les stèles funéraires de l’Égypte gréco-romaine, d’autre part ; la petite plastique en terre cuite de l’Artemision de Thasos et de Dyrrhacion, etc.) faite, le plus souvent, en liaison avec des chantiers de fouilles auxquels participent les membres de l’équipe (Kôm Abou Billou, Thasos, etc.), s’inscrit en regard des sources littéraires et épigraphiques, mais également iconographiques.

Il convient encore de citer la poursuite d’autres projets en cours qui fédèrent plusieurs membres de l’équipe et des collègues d’autres horizons, comme la base de données VAM (victimes de l’abolitio memoriae) ou les travaux sur la Prosopographie Chrétienne du Bas Empire, Gaule, Espagne (relations avec le GRAT de Barcelone), la chronique épigraphique consacrée à la Gaule Belgique, la Demotische Literaturübersicht et les travaux de cartographie et d’analyse spatiale. On mentionnera également la participation prévue de plusieurs membres littéraires et philologues de l’équipe au corpus numérique Callythéa (saisie avec traduction, commentaire et analyse pluridisciplinaire de textes poétiques d’époque hellénistique et tardo-républicaine d’accès parfois difficile), ou la contribution à l’édition des 300 textes de Nuzi (Irak du nord, XIVe s av. J.-C.) sur le site de la CDLI (Cuneiform Digital Library Initiative).

Ce travail d’édition, de rassemblement de « corpus » et d’établissement de bases de données sera articulé à une réflexion sur les enjeux liés à la manière d’appréhender le savoir dont ils témoignent, voire qu’ils mettent eux-mêmes en œuvre (ainsi, l’édition en ligne et l’usage de l’hypertexte permettent de renouer, plus ou moins, avec l’approche profondément intertextuelle de l’Antiquité, ou en tout cas de renouveler celle qui a pu être la nôtre auparavant). Tenant compte du fait que toute réception participe en quelque manière d’une reconstruction des savoirs précédents, il s’agira de s’interroger sur les conditions de transmission et de diffusion des connaissances et la manière dont celles-ci déterminent l’interprétation et l’usage qui en est fait – ou en a été fait – depuis l’Antiquité même. Seront ainsi pris en compte, au sein de programmes transversaux, les modalités et les enjeux de la réception des savoirs antiques et la confrontation des cultures égyptiennes, grecques et/ou latines, dans les littératures d’époques hellénistique et romaine (programme « D’Alexandrie à Rome »), comme de l’intégration des savoirs et de la culture païenne dans l’exégèse et la littérature chrétiennes, et des connaissances scientifiques, techniques et philosophiques dans les textes littéraires (« le phénomène littéraire aux premiers siècles de notre ère »). À cet égard, un séminaire, commun aux deux UMR Halma et STL, intitulé « Philosophie et Rhétorique à l’époque Impériale et Tardive », étudie les articulations entre les discours philosophiques et rhétoriques à l’époque impériale et dans l’Antiquité tardive, chez les auteurs grecs et latins. Enfin, on s’interrogera également sur le rôle des exégèses d’époque variées dans l’appréhension, y compris contemporaine, des textes anciens (Commentaire, Exégèse et Scholies) ou encore sur la façon dont la création littéraire, comme la tradition critique ou pédagogique, peuvent être informées et inspirées par le schème propre à l’histoire culturelle qu’est la constitution de ‘couples’ d’auteurs, tout à tour jugés antithétiques, complémentaires ou identifiables (programme « Réceptions croisées des auteurs antiques »).

La problématique qui se pose dans les différents projets est similaire et les recoupements avec les autres thèmes de recherche de l’équipe, nombreux. Le séminaire (doctoral et de spécialité) intitulé « Réception de l’antiquité » permet de rassembler plusieurs responsables de projets, mais également des collègues d’autres équipes lilloises sur ces mêmes thématiques.

L’expertise du laboratoire en matière d’éditions de texte et d’établissement de bases de données est grande. Ces activités vont se poursuivre et devraient déboucher sur plusieurs mises en ligne qui prolongent les œuvres présentes et sont susceptibles de fournir matière à plusieurs demandes de type ANR ou ERC dans les années futures.

1. RÉCEPTION ET CONFRONTATION CULTURELLES

  • L’Égypte, l’Orient et les mondes hellénistiques et romains
  • D’Alexandrie à Rome

2. LA RÉCEPTION (DE)CONSTRUITE

  • Transmissions et réceptions des savoirs antiques sur les naturalia
  • Réception des savoirs antiques par les auteurs chrétiens
  • Réceptions croisées des auteurs antiques
  • Commentaires, exégèse et scholies

3. PRODUCTION ET RÉCEPTION DE LA NORME

  • Images métapoétiques
  • Littérature et philosophie aux époques impériale et tardive
  • La transmission des dispositions juridiques et canoniques de l’Antiquité tardive : entre Bas Empire et Moyen Âge

4. NOUVEAUX OUTILS, NOUVEAUX SAVOIRS

  • Corpus et édition
  • Bases de données et publications numériques
  • Bibliographies et manuels