Zankor

On sait que les anciens Égyptiens étaient en contact avec les pays d’Afrique subsaharienne, au-delà du Pays de Kouch (région de Kerma, Nil moyen). L’équipe lilloise entreprit une prospection dans l’Ouest soudanais, au Kordofan occidental, encore terra incognita, avec comme objectif d’identifier les cultures ou royaumes antiques qui avaient pu s’y développer. Nous avons choisi de prospecter l’extrémité d’une voie de circulation très ancienne, le Ouadi el Milk (ou Piste des 40 jours), là où des ruines de cités médiévales avaient été identifiées, comme celles des palais des sultans du Darfour. D’autres monuments avaient été signalés, à Abou Sofyan (soit-disant une pyramide méroïtique ?) et à Zankor (une ville fortifiée).

Trois campagnes ont eu lieu entre 2002 et 2005. Aucun signe d’occupation égyptienne, ni de vestiges Kerma ne furent identifiés. Mais les gravures rupestres et les sites antiques étaient innombrables, en particulier des milliers de tumuli, vestiges de cultures encore inconnues.

Après des niveaux datés du paléolithique moyen et du mésolithique, la région fut occupée à la fin du II^e et la première moitié du I^er millénaire avant J.-C par une population qui vivait sous des huttes aux fondations de pierre et qui modelait une céramique décorée où l’os broyé était utilisé comme dégraissant.

Les sites de Zankor et d’Abou Sofyan remontent au début de notre ère. La « pyramide » d’Abou Sofyan se révéla être un grand tumulus qui dominait un cimetière. La ville fortifiée de Zankor comprenait une ville haute et une ville basse, toutes deux entourées d’enceintes ; le ravitaillement en eau était assuré par des citernes et un hafir (réservoir) sur les flancs d’un djebel ; le fer y était travaillé. La céramique est de belle qualité : modelée, lustrée, rouge et décorée de motifs géométriques. Des pierres levées signalent les lieux de culte.

La situation politique dans cette région limitrophe du Darfour interdit encore notre retour. Cette prospection servira de base à une étude exhaustive.